L’expédition au jour le jour.
13 juillet 2019 : En route vers la Chine.
Voyage au départ de Lyon jusqu’à Bishkek, la capitale du Kirghizstan. Quelques
petites formalités seront réglées dès demain matin. Nous prendrons alors la route pour Naryn puis Kashgar. La frontière chinoise approche.
- Le musée historique du Kirghizstan à Bishkek. ©G.Thevenet
- Excédents de bagages ou pas ? ©C.Flouret
- © B.Bolze
16 juillet 2019 : Présentation de Jean François Rossillon.
Hello,
Je m’appelle Jean François ROSSILLON. J’étais le troisième « laron » de l’expédition précédente en 2014, au Mont Elbrouz.
Breffni et Philippe m’ont demandé de vous alimenter en nouvelles chaque fois que j’en aurai par divers moyens … Et les premières viennent de tomber :
Ils sont bien arrivés, dépaysement total avec déjà quelques mésaventures :
Une première journée surréaliste, pour traverser la frontière entre le Kirghizstan et la Chine sur la magnifique route de la Soie, avec franchissement d’une douzaine de check- points …
Déchargement complet de tout le matériel à plusieurs reprises pour une inspection détaillée par les autorités. Prises des empreintes digitales, reconnaissance faciale et photos sous tous les angles, tels des repris de justice.
Arrivée finalement à 3 h du matin à Kashgar, fatigués mais plus motivés que jamais !
JFR
- ©Anne-Claire Jude
- La panthère des neiges, icône du Kirghizstan ©Anne-Claire Jude
- Un des nombreux checkpoints militarisés. ©B.Bolze
- Camions en attente à la frontière Kirghizstan-Chine. ©B.Bolze
- Retour à l’étable sous une bienveillante escorte. ©B.Bolze
- ©Anne-Claire Jude
17 juillet 2019 : Le Mustagh-Ata est en vue.
Nos aventuriers-nettoyeurs se rapprochent de leur objectif, et s’imprègnent de l’ambiance locale au fil de leur avancée.
Évidemment, Breffni ne peut s’empêcher de photographier les poubelles…
Après la montagne c’est sa deuxième passion ! Bon, pas terrible le tri hein mais il a le mérite d’exister !
Dernier checkpoint avant la mythique Karakoram Highway, qui relie la Chine au Pakistan en passant par des cols à l’altitude de notre Mont Blanc, (20 ans pour construire cette route périlleuse, et plus de 80 morts durant le chantier).
Premier aperçu de l’objectif, tout petit là bas au bout de la longue route et puis … Premier « vrai » point de vue sur la montagne. De grosses émotions devant ce mastodonte enneigé de 7 546 mètres, gravi pour la première fois en 1956, et qui va les occuper tous pendant des semaines !
Un peu de faune locale aussi, avec ce beau et sympathique animal au lac Karakol, à 3 600 m, le plus haut lac du Pamir Chinois. Yack plus qu’à ..! JFR
- Un énième contrôle de police. © Breffni Bolze
- Poubelles de tri côté chinois. © Breffni Bolze
- Yack pour touristes au lac Karakol. © Breffni Bolze
- Première apparition. © Breffni Bolze
- © Breffni bolze
18 juillet 2019 : Enfin à pied d’œuvre.
Après ce long voyage en bus, journée de repos dans le camp de Subash (3700 m), au pied du Mustagh Ata.
Nous avons utilisé cette journée pour nettoyer les abords du camp avec l’aide spontanée d’une partie de l’équipe Expedition Unlimited. Nous les en remercions !
Nous avons trouvé principalement des déchets provenant des abords de l’axe routier (Karakoram Highway), et ceux emportés par le vent depuis le village de Subash situé quelques kilomètres en aval.
Nous avons délimité un enclos pour le stockage des sacs de déchets « Gestes Propres ». Nous collecterons ces déchets en altitude tout au long de l’expédition. Les sacs seront ensuite réunis avec toute la collecte au camp de Subash pour la pesée et l’évacuation.
Ce soir nous préparons les charges que les chameaux achemineront demain matin au camp de base situé à 12 km et à une altitude de 4500 m, où nous allons séjourner pendant les trois prochaines semaines.
Breffni Bolze
- Georges, A.Claire, Breffni et Philippe
- Bruno Serraz ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- ©B.Bolze
- Le lac Karakol. ©B.Bolze
- Patrick, Bruno, Philippe, Breffni, A.Claire et Clément ©G.Thevenet
- Clément Flouret ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- Un enclos pour rassembler les déchets ©G.Thevenet
- Yourtes en dur. Développement planifié d’un site touristique. ©B.Bolze
- Patrick Dolbeau ©G.Thevenet
19 juillet 2019 : Prise de marques au camp de base.
Hello tous,
Pour ceux qui ne le sauraient pas et pour bien comprendre qui nous voyons sur les photos, l’expédition de nettoyage est composée de Anne-Claire Jude, Breffni Bolze, Philippe Goitschel et Georges Thevenet.
L’expédition se fait avec l’agence Expéditions Unlimited. Le groupe comprend 14 « clients » dont nos 4 amis (des montagnards qui ne savaient sûrement pas qu’ils deviendraient « nettoyeurs » (et qui ne sont pas obligés non plus de le devenir bien sûr, mais croyez moi ils le deviendront !) et 3 guides : 2 français (Bernard Muller et Clément Flouret) et un Russe (Alexeï Bobkov).
La population de cette zone montagneuse reculée, majoritairement composée de Ouighours, peuple nomade en cours de sédentarisation, n’est visiblement pas encore sensibilisée à la valorisation des déchets : Tout est enfoui en mélange alors que des matériaux (métaux, plastiques, verre…) pourraient être une source de revenus complémentaires. Nos nettoyeurs ont pu visiter le centre d’enfouissement où finiront leurs collectes faute de mieux !
Les bouses de yacks, elles, sont récupérées et séchées pour un usage combustible (cuisine et chauffage). JFR

L’équipe au complet à l’exception de Denis COTTIN, victime d’un pépin de santé, et rapatrié vers la France beaucoup trop tôt.
20 juillet 2019 : Montée au camp de base avancé.
La journée est consacrée à la montée au camp de base (avancé) situé à une distance de 12 km et à 4500 mètres d’altitude.
Après avoir préparé les gros sacs d’expédition pour les chameaux qui peuvent porter des charges de 80 à 120 kg, nous démarrons l’ascension sous un soleil de plomb. La crème solaire ne suffit pas. Notre peau n’est pas préparée et il vaut mieux se couvrir intégralement pour éviter toute brûlure.
En chemin, nous croisons deux magnifiques chevaux curieux, un troupeau de yacks et plusieurs marmottes.
En nous rapprochant de la montagne, nous pouvons également observer la trace d’ascension, ainsi que les camps d’altitude (Camps 1, 2 et 3) repérables grâce aux minuscules points rouges, jaunes et bleus des tentes sur la neige. Difficile d’imaginer que nous serons bientôt sur ces pentes aux dimensions impressionnantes !
Nous sommes partis avec un sac de collecte (de déchets) qui ne tarde pas à se remplir. Notre itinéraire serpente le long d’un torrent dont les eaux de fonte concentrent les déchets. Protéger l’eau étant une priorité, nous ramassons tout ce qui est possible d’évacuer. Leur quantité augmente au fur et à mesure que nous approchons du Camp de Base (CB). A destination, les sacs sont pleins et nos épaules fourbues. Nous reviendrons ultérieurement pour finir le travail.
Nous profitons du temps magnifique pour nous laver (sans savon) dans le torrent qui descend tout droit des glaciers du Mustagh-Ata. Eau à 4 ou 5° : rafraîchissement garanti !
BB
- Le matos au CB, prêt pour le transport vers le CB avancé. ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- Protec solaire intégrale. ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- Un pote ©G.Thevenet
- ©G.Thevenet
- Les skis sont arrivés. ©G.Thevenet
- ©B.Bolze
- Merci d’avoir porté mon matos ! ©G.Thevenet
- Rafraichissement et ionisation. ©B.Bolze
20 juillet 2019 : Acclimatation au camp de base.
Journée d’acclimatation au CB (4500 m), et préparation des sacs pour un aller-retour à la journée demain au Camp 1 (environ 5500 m). Nous profiterons de cette première visite pour installer les tentes et déposer du matériel (skis, nourriture, gaz, réchauds…).
Les guides Bernard et Clément nous proposent de tester et apprendre à utiliser le caisson hyperbare qui y sera posté pour toute la durée de l’ascension. Cette poche d’air comprimé permet de ramener artificiellement un alpiniste souffrant du mal des montagnes à une altitude inférieure; supprimant ainsi les symptômes (NB JFR : voir publication suivante) Espérons que nous n’aurons pas besoin de l’utiliser !
Certaines familles de marmottes ne sont pas farouches et n’hésitent pas à visiter les tentes : Il faut faire attention à bien isoler la nourriture dans des sacs !
Pas de grosse opération de collecte de déchets aujourd’hui car il faut se ménager en vue de la journée qui nous attend. Cependant, nous déployons un système de collecte sélective au CB avec 6 poubelles : bouteilles plastiques, métaux, verre, déchets organiques, déchets toxiques, et le reste. BB
- Le CB s’étend sur près de 6 hectares. ©G.Thevenet
- Contrôle des talkies avant l’ascension. Si ça marche à 1 mètre, ça marche à … ©G.Thevenet
- Les aliments lyophilisés pour les camps d’altitude. ©G.Thevenet
- Copine ©G.Thevenet
- Organiser le tri … pour l’exemple. ©G.Thevenet
21 juillet 2019 : Effets de l’altitude sur l’organisme.
L’altitude, par la baisse de pression atmosphérique qu’elle entraine, se traduit par une diminution de la pression partielle des gaz respirés (dont l’oxygène dont nous avons besoin), une baisse de température et une augmentation du rayonnement solaire.
L’effet sur l’homme est immédiat et systématique : accélération de la respiration et du rythme cardiaque. En réaction, l’organisme augmente progressivement le nombre de globules rouges dans le sang pour lutter contre l’hypoxie. C’est la raison pour laquelle il importe de respecter une période d’acclimatation, alternant passages en altitude et retours au camps de base.
Si on considère qu’une personne au niveau de la mer bénéficie de 100% de sa capacité respiratoire, cette même personne n’en aura plus que 60% au sommet du Mont Blanc … et 30% à 7 000 m !
En arrivant sur un sommet de 7000 m, l’alpiniste pourra prendre le temps de se restaurer et d’admirer le paysage. A 8 000 m, il ne restera que quelques minutes, et se hâtera de redescendre car il se sentira intuitivement en danger.
Même acclimatés, le mal des montagnes peut surprendre l’un ou l’autre des participants sans qu’on en identifie réellement la (les) causes. Seules les peuples qui vivent au quotidien à très haute altitude et génétiquement adaptés, n’en souffrent pas … ou moins !
Un alpiniste « habitué « , qui n’en a jamais souffert, peut un jour être touché. Dans certains cas, des médicaments comme l’aspirine ou l’acétazolamide peuvent suffire pour se sentir mieux, mais si l’état ne s’améliore pas, le passage au caisson hyperbare s’impose. En augmentant la pression à l’intérieur du caisson, on descend artificiellement l’alpiniste à une altitude inférieure … Quelques heures suffisent.
La personne est isolée dans cet étroit caisson étanche. Il existe un hublot pour garder le contact et lui faire un petit coucou de temps en temps ! … et l’effet est presque immédiat.
Le mal des montagnes peut intervenir dès 3 500 m. Les effets sont généralement bénins (maux de tête, essoufflement, insomnie, grosse fatigue, nausées…) mais peuvent aussi être graves, voire entraîner la mort s’ils ne sont pas traités. Les signes observés sont le plus souvent une baisse du volume des urines, des œdèmes au visage, aux yeux, aux mains et aux chevilles.
Il est parfois difficile de prendre la mesure de ce mal, car on peut mettre certains symptômes sur le compte d’autres causes, comme une mauvaise alimentation par exemple. J’ai souvenir d’avoir croisé lors d’un trek au Népal, deux jeunes filles qui se plaignaient de gonflement des chevilles. Notre guide n’a posé qu’une question « Quand avez-vous uriné pour la dernière fois ? »… rapide calcul… « Presque 24 h ! »…. Descente en urgence direct, elles n’avaient rien vu venir !!!
En bref, avoir un caisson au camp 1, c’est une initiative rassurante et une excellente idée ! JFR
- Yann et Patrice préparent le test. ©G.Thevenet
- Briefing de Bernard Muller sur le protocole d’essai. ©G.Thevenet
- Servir de cobaye pour comprendre l’intérêt du caisson hyperbare. ©G.Thevenet
- Tout va bien là dedans ? ©G.Thevenet
- Breffni, passager du caisson est artificiellement descendu 2 431 m plus bas. ©G.Thevenet
Suite dans : Nettoyage du Mustagh-Ata (2ème partie) …