2 tonnes de déchets descendues de l’Elbrouz

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Le Minitau (à gauche) et l’Ouchba (à droite), les deux pitons de l’Elbrouz.

Après une longue et studieuse période de préparation de l’expédition, nous voici fin prêts pour le départ !
21 août 2004 – Décollage de Lyon pour Francfort, Moscou, puis enfin Mineralnye Vody, bourgade aéroportuaire située à quatre heures de route du Mont Elbrouz.
L’organisation d’un tel projet est déjà une aventure en soi : Constituer une équipe, se répartir les rôles, rechercher des partenaires matériels et financiers, obtenir les visas (ce qui n’a pas été de tout repos), réunir le matériel, organiser le nettoyage du site, prévoir la communication, etc.

J+2 – Nous arrivons dans le Caucase après plus de 24h de voyage. Aujourd’hui, première journée d’acclimatation à 3200 m d’altitude face au Mont Elbrouz sur le domaine de la petite station de ski de Cheget. Nous effectuons les premiers repérages et nettoyons ce premier site. Beaucoup de verre, de métal,  un gisement de boîtes de conserves datant de plusieurs dizaines d’année, époque où il y avait là un observatoire astronomique. Et évidement les éternelles bouteilles et emballages plastique.

Nous rencontrons beaucoup de sympathie pour notre action. Valentyn, notre guide ukrainien, d’abord perplexe, a saisi de bon cœur la paire de gants que nous lui avons tendu, et s’est prêté au jeu.
Anthony, le journaliste reporter de Trek Magazine qui nous accompagne, participe activement à cette première opération tout en assurant sa mission première de couverture photographique. Il n’existe localement aucune collecte sélective : Les déchets seront acheminés vers un centre d’enfouissement (disons une décharge) que nous avons d’ores et déjà repérée. Demain nous monterons plus haut, sur les flancs du volcan cette fois.

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(Photo Anthony Nicolazzi)

J+4 – Nous sommes depuis hier sur les pentes de l’Elbrouz.
Nous profitons de ces deux journées pour effectuer des repérages sur le glacier et entamer un premier nettoyage du camp supérieur de Priut (4 100 m). De toute évidence, l’essentiel de notre travail se concentrera autour du camp de base, vaste chaos d’installations obsolètes et de préfabriqués hors d’âge destinés à l’hébergement des alpinistes.

Notre grande surprise est de constater à quel point le site est fréquenté par des touristes locaux à la journée : Ils profitent des remontées mécaniques pour accéder au camp de base, et poursuivent leur découverte par des excursions en motoneige et dameuse jusqu’à 5 000 m d’altitude ! A cela s’ajoute l’amoncellement de déchets qui nous conforte de la nécessite et de la pertinence de notre action.

J+6 – Depuis notre arrivée il y a quatre jours au camp de base de l’Elbrouz, nous enchaînons les opérations de nettoyage :
* Collecte de déchets autour des campements et sur le glacier alentour.
* Ramassage des déchets de l’industrie touristique liée à l’exploitation des dameuses et motoneiges (bidons et filtres à huile, batteries, pièces mécaniques…).
* Mise en place d’une poubelle publique (la première du site)  à l’arrivée du télésiège. Cet objet symbolique installé à un endroit stratégique vise à sensibiliser tous les usagers au respect de cet espace naturel et constitue une ébauche de dispositif pérenne.

Notre présence et nos actions sur le camp de base suscitent de la curiosité, de l’intérêt et les réactions sont nombreuses et parfois cocasses (remerciements chaleureux, photos souvenir, verres de vodka…). Quelques guides de montagne russes sont venus nous remercier. Hier, une équipe d’alpinistes (Allemands, Indien et Japonais) nous a spontanément proposé son aide, si bien que nous avons pu ce matin, organiser un chantier de grande ampleur. Sensibilisé par notre action, notre guide Valentyn ne cesse de nous surprendre en allant collecter des déchets même parfois seul pendant ses périodes de repos. De sa propre initiative, il s’attache depuis hier à dégoter un camion tout terrain pour faciliter l’acheminement de notre collecte dans la vallée. Cette perspective nous permettra d’évacuer des encombrants et grosses ferrailles que nous regroupons désormais aux abords de la piste. Cela donne une ampleur nouvelle a notre action. Le moral de l’équipe est au beau fixe. L’Elbrouz s’est découvert pour la première fois hier soir, nous offrant la possibilité d’une tentative d’ascension demain.

J+8 – Le camion que nous espérions est arrivé ce matin ! La ferraille que nous nous efforcions de rassembler depuis deux jours a donc pu être évacuée, ainsi que l’ensemble de nos sacs de collecte. Au final, nous redescendons à Cheget, dans la vallée, avec près de deux tonnes de déchets, ce que nous étions bien loin d’imaginer. C’est à Valentyn que nous devons ce tour de force. Rompu aux rouages locaux, il a su, le premier, comprendre que l’intérêt économique des métaux récupérés était susceptible de convaincre un entrepreneur local de financer l’acheminement de ce camion 6×6 jusqu’au camp de base. En collectant massivement les métaux abandonnés sur le site, nous avons contribué à valoriser ce qui était jusqu’alors considéré comme des déchets sans intérêt. La bonne nouvelle est arrivée ce matin à 8h30. Après un énième coup de téléphone, le camion était en route.

Grosse satisfaction ce soir, donc, avec en outre une petite cerise sur le gâteau : une bonne fenêtre météo a permis à trois d’entre nous d’atteindre le sommet de l’Elbrouz hier matin. Une ascension express de douze heures aller-retour sur le toit de l’Europe géographique, qui complète le succès de cette mission.

Dans quelques minutes, nous retrouverons la quasi-totalité des guides de l’Elbrouz à Cheget, pour leur traditionnelle fête de fin de saison. L’occasion d’évoquer avec eux la possibilité de pérenniser notre action localement. Une dernière soirée pour transmettre le flambeau ?