Le filet tueur de la Pierre à Bise

 16 février 2013.  Lac du Bourget.  Site de la Pierre à Bise.

Episode 1 : Lors d’une sortie d’entrainement, les plongeurs du G.S.R.L repérent un filet à mailles fines  par -40 m. Abandonné par un pêcheur après un accrochage au fond , le filet continue de faire ce pourquoi il a été conçu . D’une surface comprise entre 250 et 300 m2, il a été fatal à bien des poissons. L’urgence est réelle pour qui aime la faune. Dominique Picard et Jeffry Hoen, deux plongeurs expérimentés (c’est le moins que l’on puisse dire), décident de retourner s’occuper du filet le lendemain.

Episode 2 : Dominique Picard et Jeffry Hoen tentent de libérer le filet bloqué. Après avoir perdu un temps précieux pour le retrouver dans une eau dont la visibilité n’excède pas 10 m, ils en perdent encore en libérant un brochet encore vivant. Poursuivant leur descente jusqu’à -53 m, ils constatent que le filet est accroché encore plus bas. Limités par leur réserve d’air, ils n’insistent pas, reportant l’opération d’élimination à plus tard, non sans avoir réduit autant que possible la surface du filet et l’avoir géolocalisé avec précision. Leur stratégie les mène, compte tenu de la profondeur, à envisager la prochaine opération avec 2 équipes, la première assurant la sécurité de la seconde.

Episode 3 : Dominique a une idée derrière la tête. Évoluer par 50 m de fond représentant un certain risque, il refuse d’impliquer son équipe sans avoir au préalable utilisé le bateau du club G.S.R.L comme point d’appui. Il réussit à libérer le filet tueur après l’avoir crocheté à -40 m avec un grappin. Ses plongées préliminaires et son expérience lui ont permis de trouver la solution pour extraire le filet du milieu dans lequel il avait fait beaucoup de dégâts. Brochets, carpes, ombles et écrevisses y avaient péri en grand nombre ainsi que quelques oiseaux (grèbes). Le filet a du rester un certain temps près de la surface avant de sombrer.

Dominique et sa prise

Dominique et sa prise.

Dominique Picard, président du G.S.R.L raconte :
« Considérant la profondeur estimée du blocage du filet (environ -70 m), et la position que lui donnait le parachute de relevage bloqué en pleine eau (vers -32 m), une opération de crochetage du filet à l’aide d’une ancre parapluie est tentée.
La bonne connaissance du site et la position repérée lors de la première tentative de décrochage du filet nous laissait penser que la chose devait être possible.
L’ancre, pendue à un bout de 45 m, a croché le filet du premier coup. C’était sans conteste la chose la plus facile. En tirant sur le bout, le filet s’est libéré du fond, aidé par le parachute de relevage (30 l de poussée).
La suite a duré 2 heures. Remonter entièrement le filet avec d’innombrables poissons morts, mais parfois vivants (brochet de 60 cm et omble chevalier de 40 cm et nombreuses écrevisses). Vu l’état de décomposition des poissons, ce filet était là depuis au moins 3 mois, et était posé juste devant l’omblière interdite aux plongeurs pendant le frai, mais autorisé aux filets ???
La partie basse du filet devait se trouver entre -70 et -75 m, hors de portée des plongeurs « classiques » ou plongeurs de club.

Une bonne chose de faite pour les poissons mais aussi pour les plongeurs qui fréquentent ce site. Heureusement, à cette époque de l’année, ils sont moins nombreux. »

Carpe dans le filet

Grèbe prise dans le filet et sa chaîne de poissons.

Omble chevalier et ses oeufs

Oeufs s’échappant d’un omble en putréfaction

Cette opération a donné lieu à une autre découverte. Les plongeurs ont repéré un ou plusieurs autres filets posés à quelques dizaines de mètres du site concerné, et à une profondeur légèrement supérieure.
Question : Combien de filets de pêche abandonnés sèment encore la mort dans le lac ?