Gouffre Berger

27-28 septembre 2008 : Breffni Bolze, Christophe et Cyril Duval, Barnabé Fourgous, Philippe Goitschel, Lionel Revil et Vincent Vachette descendent dans le « Gouffre Berger » pour évaluer la quantité de déchets stockés dans la cavité jusqu’à la cote -1122 m.



Document PDF : Etat des lieux du gouffre par Breffni BOLZE

Avant d'entrer dans le gouffre

Avant d’entrer dans le trou. Propres, impatients et un peu inquiets quand même.

 Nos guides ont prévu une expédition flash dans le gouffre. L’objectif est de descendre et remonter en 24 h non stop. 1000 m de corde statique sont nécessaires pour assurer la progression jusqu’au fond du gouffre. Heureusement, le congrès spéléo « Vercors 2008 » a laissé une grande partie des cordes en place. Nous n’aurons donc pas à transporter cet équipement, ni équiper la cavité et gagnerons du temps.
On entre dans le « Berger »par un trou béant à même le sol, d’où son nom de gouffre. Visuellement, il est impossible de savoir si la descente sera brève, ou si elle se poursuivra. Commence là un énorme réseau qui a demandé 20 ans d’exploration. Aujourd’hui fossile, il fut creusé par dissolution de la roche calcaire au fil des millénaires. En cas d’orage ou de forte pluie il peut devenir un piège dangereux. Nous négocions à la descente d’interminables rappels dans des puits gigantesques ponctués de passages étroits et acrobatiques. Les frottements de cordes, nécessitent de franchir de nombreux passages en fractionnement. Nous avons peine à imaginer les découvreurs et leurs charges se faufilant dans ces dédales et ces labyrinthes, explorant galerie après galerie. A un puits, succède un autre puits. Bientôt, nous nous retrouvons à -400 m.

Lionel à l'entrée d'un puits

Lionel Revil, guide spéléo du Vercors en action.

Les déchets croisés sont rassemblés, bien visibles, dans le but d’être évacués demain lors de la remontée. Mais jusqu’alors découverts en petite quantité, ils se multiplient maintenant … et grossissent. Certains sont sans l’ombre d’un doute ceux des premiers explorateurs.

Un dépot à -400 m

Matériel technique et vivres abandonnées par les expéditions successives.

Nous entrons dans le Grand Éboulis, galerie en pente aux dimensions telles que nos lampes frontales ne peuvent en éclairer la voute. Au sol, des blocs de la taille de camions, détachés du plafond de la grotte, nous rappellent que tout est possible. Nos guides nous rassurent. La cavité est stabilisée depuis des lustres. Nous progressons jusqu’à -500 m.
Si à partir de cette profondeur, on trouve des déchets en bien plus grande quantité, c’est parce que cette partie du réseau, très ancienne et à sec en  cas de crue, abrite tous les emplacements de bivouac.

Un important dépot

La poudre blanche est le résidu de combustion des lampes à acétylène utilisées jadis.

Nous essayons d’imaginer un nettoyage éventuel. La quantité de déchets à évacuer est estimée à 1 tonne … peut-être plus. Il faudra mettre en place une organisation lourde demandant une mobilisation importante. Les participants devront être des spéléologues confirmés, connaissant parfaitement les techniques de progression sur corde.

Quel age ont ces déchets

Des déchets d’âges variables qui dénaturent le site.

Nous franchissons la « Salle des treize », merveille géologique qui mériterait un éclairage approprié. La puissance de nos flashs est limitée et ne met pas en valeur les magnifiques concrétions et le tapis de gours dont nous profitons en le traversant le plus lentement possible.

Un stalagmite qui mérite le respect

Un stalagmite plus vieux que l’humanité.

Viennent « Les Coufinades » et ses étroitures. Sous la « Cascade Claudine » à -700 m, le réseau, périodiquement envahi par les eaux, donne une impression de propreté. Seuls quelques déchets sont restés bloqués, plaqués, et épousant le rocher.
Après la « Grande Cascade » et le « Puits de l’Ouragan », nous descendons jusqu’au siphon terminal à -1122 m pour le sport. Le cours d’eau disparait dans la roche compacte.
Nous avons fait la moitié du chemin, il s’agit maintenant de ressortir. Ça va être à bras … N’oublions pas de mettre les jambes.

Au fond du "Berger"

Le fond du gouffre. -1122 m. Le calme avant la tempête.