Grottes, scialets et dolines

Entrée du P40 à la Dent de Crolles

Bien des trous ont servi de décharges.

Le 14 juillet 1891, Édouard Alfred Martel,  père de la spéléologie française, explora en compagnie de quelques amis, le gouffre de la Berri, dans les profondeurs du causse de Gramat. L’investigation fut rendue pénible par la présence d’une charogne de veau baignant dans la rivière qui coulait au bas du puits d’accès. Les explorateurs ressortirent de l’aven et s’en furent pique-niquer, à la source de Graudenc, réputée « la plus pure du pays », sans se méfier que cette eau pouvait provenir du ruisseau contaminé. Quelques jours plus tard, les pique-niqueurs présentaient tous les symptômes d’un empoisonnement ptomaïque.  Ce fut pour lui la pomme de Newton : il comprit que les sources en terrain calcaire n’étaient pas filtrées et que la pratique du « tout au gouffre », courante dans les campagnes, provoquait de graves pollutions. Aussitôt, le grand spéléologue alerta l’opinion publique, l’Académie des sciences, l’Académie de médecine, multiplia expériences et vérifications. C’était en quelque sorte la première bataille pour l’environnement.  Les pouvoirs publics s’émurent, les bureaux d’hygiène multiplièrent les avertissements jusqu’à ce que le Parlement vote, le 15 février 1902, une loi prohibant l’abandon de tous résidus animaux putrescibles dans les gouffres et les cavernes.
Pierre Minvielle. A la rencontre du soleil. 1971

Malgré cela, la pratique consistant à utiliser les grottes, dolines et scialets comme décharges se poursuivit pour d’autres types de déchets. Aujourd’hui, bien qu’interdite, elle n’a pas complètement disparue. Bien des trous ont été comblés et oubliés. Pour les spéléologues, il reste des années de travail de restauration pour remettre ces sites en état.

Les exemples à suivre :
Nettoyage de la corniche du belvédaire à Mandeure
Les actions du Comité Régional de spéléo Midi-Pyrénées